Les vignes d’Espagne ont beau occuper 1,5 million d’hectares et 2 millions de personnes, elles ne donnent que 20 millions d’hectolitres. Soit entre le tiers et la moitié de la production française. Néanmoins, pour un Euro, tout Espagnol s’offre volontiers un verre de vin. En général fort bon, que ce soit du rouge de La Rioja, du rosé de Valdepenas (dans la Mancha)… Ou encore, en Andalousie, un petit Fino, c’est-à-dire un excellent Montilla, Jerez ou Manzanilla.

Quoiqu’aujourd’hui chacun de ces derniers puisse parader en son nom propre, ils ont fait fortune sous le nom global de Xérès ou de Sherry. Avec la particularité d’avoir, après addition d’alcool, vieilli en solera. La solera est une série de fûts dont le contenu, soutiré de chacun par petite portion, une ou deux fois l’an, est remplacé dans la même proportion par du vin du tonneau suivant, d’un an plus jeune dans l’ensemble. Lorsque le vin parvient au dernier tonneau, il a aussi le nom de solera.

Le Portugal

Bien que le Portugal produise de bons vins de table, ce sont surtout ses vins de dessert qui ont fait sa réputation. Romains, Arabes et Wisigoths appréciaient déjà le Moscatel (muscat), blanc et parfois rouge, de Setubal… Sur le promontoire qui domine l’embouchure du Tage. Il titre naturellement 18° d’alcool.

Ce n’est pas le dernier vin doux portugais… Vers 1750, un spéculateur anglais lança le madère, favori des marins de Nelson. Moins fortifié que le porto, il ne reçoit que 3 % d’eau-de-vie avant d’étouffer en fûts trois à six mois. Dans des sortes de serres moustache. Il est mis en bouteilles et ne s’améliorera plus… Qu’il soit sec et « amontillado » ou « oloroso », c’est-à- dire sombre et liquoreux (mais pas forcément doux).

En Espagne

L’autre fleuron de l’Andalousie, le malaga, épais et sucré, est aussi fortifié avec du moût concentré et vieilli en solera. Les provinces du Levant, de Castille et d’Aragon donnent des vins de table alcooliques exportés pour le coupage. Aux environs de Barcelone, la Catalogne a ses mousseux réputés de la région de Panadès, ses bons vins rouges de Priorato et de Reus, et le vin de Tarragone peut être comparé au porto.

Seul le nord de l’Espagne, dans la région de la Rioja, donne des vins rouges renommés. On peut accorder confiance aux grandes firmes qui ont acquis le droit à l’appellation Rioja, sévèrement contrôlée. On ne peut quitter la péninsule ibérique sans parler du Portugal.

Chacun connait le porto, mais tous ne s’imaginent pas qu’il vient de vignes cultivées à grand-peine sur des terrasses croulantes dans la haute vallée du Douro, fournaise l’été. Dès le pressurage à pieds nus, le moût est additionné de 20 % d’alcool des mêmes raisins.

Le transport

Au printemps suivant, le chemin de fer ou, traditionnellement, des rabelos, voiliers à fond plat, le transportent jusqu’aux entrepôts de Villa Nova de Gaia, vis-à-vis de Porto, à l’embouchure du fleuve, où le vin vieillira des années.

L’histoire des vins de ces régions

Les bons vins de table rouges et blancs du Dao, dans le centre du pays, étaient connus dès 500 avant J.-C. et restent les meilleurs du Portugal. D’autres proviennent des vignes arboricoles de la région d’Entre-Douro-e-Minho, au voisinage de la Galice espagnole.

Ces vins verts (vinhos verdes) rouge vif, jaune citron ou encore rosés (lancers, mateus), légers et acides, ne valent pas les rouges et blancs de Bucelas, au nord de Lisbonne, entre le Tage et l’Atlantique, que donne le cépage arinto. La région voisine s’avance dans l’océan. C’est celle de Colares, dont les vins sont parmi les premiers vins de table portugais.